Saison 2.14 - 2000 - 2006 : L'architecture du SIAD à l'ANPE

 

 

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Extraits de : Les rendements du chômage
Mesures du travail et travail de mesure à Pôle  emploi
Thèse pour l’obtention du grade de docteur de l’Université Paris-Ouest Nanterre - Discipline : Sociologie Présentée par Jean-Marie Pillon Sous la direction de François Vatin 

 

La Collecte des informations

La collecte d’information est effectuée à partir du travail des conseillers sur les registres d’inscription de l’offre (SAGE), de la demande d’emploi  (GIDE), ainsi que sur le logiciel de suivi de la participation des demandeurs d’emplois aux prestations fournies par l’Agence et Pôle emploi (prestamesure). Il existe en fait une soixantaine d’applications utilisées par les agents, elles constituent « l’architecture métier » de l’ANPE/Pôle emploi.

La conservation des données

Les différentes applications « métiers » transmettent chaque jour ou chaque semaine à un ensemble de serveurs situés en Seine-et-Marne les informations mises à jour. Ces informations sont stockées et conservées pendant 5 ans, par un « entrepôt de données » (Datawarehouse).

La transformation des informations

La modification des données inscrites dans les registres par les conseillers est effectuée par deux opérations différentes.

La première est automatisée à travers l’application SIAD, construite par l’ANPE, qui fonctionne en allant chercher dans les bases de données constituées à partir des registres, les données relatives à l’intervention auprès des offreurs et des demandeurs. Il y a bien là une transformation de l’information dans la mesure où ce qui est inscrit en tant qu’information sur le DE ou l’employeur, est mobilisé en tant que trace de l’activité de travail, donc en tant que service délivré par l’institution. De plus, les informations successives concernant des échelons identiques (département, agence) ou les informations concomitantes sur des échelons équivalents (comparaison des départements entre eux ou des agences locales entre elles) sont comparées par la machine pour donner à voir des évolutions, avec des flèches vertes ou rouge en fonction de l’objectif fixé. Ces informations sont mises en forme dans des tableaux préformatés à destination des Directeurs d’Agence. Le traitement et la transformation des données sont effectués par le SIAD au moyen du logiciel SAS à partir duquel est construite l’application.

La seconde opération consiste à aller chercher manuellement dans les bases de données les informations nécessaires à la constitution de tableaux statistiques à analyser, appelés tableau de bord. Si ces opérations sont médiatisées, à travers l’application Bristol qui va chercher dans le SIAD les données nécessaires, le paramétrage est avant une compétence experte, qui rend l’opération plus dépendante de la compétence de celui qui utilise Bristol, tandis que le SIAD propose des tableaux standardisés.

Au niveau opérationnel, la transformation des informations est effectuée par l’Infocentre opérationnel (IOP). Il a été développé pour répondre à deux commandes distinctes. Tout d’abord, la Direction générale souhaite rendre les conseillers autonomes dans le choix des demandeurs d’emploi à convoquer par les requêtes qu’ils effectuent sur la base de données. Ensuite, la loi de cohésion sociale de janvier 2005 institue un suivi personnalisé des demandeurs d’emploi. Du fait de cette contrainte - IOP doit permettre la gestion d’un « portefeuille clientèle » : les Directeurs d’agence doivent pouvoir répartir les chômeurs qui s’inscrivent entre les conseillers. IOP est conçu comme un dispositif de traduction. Offrant la possibilité de classer, trier et filtrer les chômeurs en fonction de leurs caractéristiques, l’outil permet de réagir aux mauvais chiffres – affichés par les tableaux de bord – en actions concrètes : la sélection pour convocation des demandeurs d’emploi prioritaires. IOP est donc un moyen d’identifier des façons de« rétablir les chiffres ».

La diffusion des informations

La diffusion des données est fondamentalement liée aux modes de transformation des données (Bristol, SIAD et IOP). Ainsi, les circuits de diffusion des informations transformées évoluent. Bristol est utilisé par les contrôleurs de gestion des Directions régionales pour évaluer les Directeurs départementaux et les Directeurs d’agence locale. Il circule donc par courriel ou sur papier pour construire des analyses rédigées par les contrôleurs de gestion. Ces analyses servent de support pour des réunions de travail ou des entretiens d’évaluation d’un subordonné (Directeur départemental ou d’agence locale) avec son supérieur hiérarchique (Directeur régional ou départemental). Les données d’IOP circulent au sein des agences, soit par e-mail, soit sur papier. Elles servent aux Directeurs d’agence et aux chefs d’équipe pour organiser le travail des agents. Elles servent aux agents pour organiser leur travail. Elles sont mobilisées en réunion d’agence pour présenter les résultats collectifs. L’accès aux informations contenues dans le système est strictement attaché à la position dans l’organisation. L’utilisation d’un ordinateur ayant toujours pour préalable l’identification personnelle de l’utilisateur, par un mot de passe, les gestionnaires du système d’information ont fabriqué un annuaire « d’habilitation » appariant chaque salarié de Pôle emploi à certains logiciels spécifiques. De ce fait, à la différence des dispositifs de suivi des services de probation en Belgique, le Directeur général ou les Directeurs régionaux n’ont pas accès à l’IOP ou aux outils de suivi nominal de l’activité. À l’inverse, les agents ne sont pas habilités pour utiliser le SIAD. 

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