Saison 1.22 - Le SIGP support de l'EIS de Michel BON

 

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Le SIGP support à l’EIS de Michel BON


Alann fut passionné par ce récit. Il voulut entrer en relation avec Didier le directeur de projet SIGP et Malick son chef de projet. Il utilisa les réseaux sociaux pour être en contact avec eux. Malick fut le premier à lui répondre. Didier aussi quelques jours après. Ils lui apportèrent tous les deux des précisions sur le projet et une rectification concernant les propos de son grand-père. Alann compléta son enquête en revenant sur l’entretien de Michel Bon PDG de France Telecom à l’Expansion en septembre 1996 :
En voici de nouveaux extraits :
- Deux échéances pour France Telecom : la Bourse en 1997 et la concurrence en 1998. Le groupe est en pleine réorganisation. Hier, il mettait des moyens techniques à la disposition des usagers. Demain, il devra vendre des services à des clients libres de leurs choix.
...
- France Telecom est une organisation de 150 000 personnes. Tout ce qui s'y passe nourrit immédiatement le débat public. Je connaissais les réticences de nombreux salariés face aux perspectives de privatisation et de libéralisation du marché. Ma bonne surprise a été de découvrir une organisation beaucoup plus préparée au changement que je ne le supposais.
...
- Marcel Roulet, mon prédécesseur, et les cadres dirigeants du groupe avaient parfaitement repéré l'issue de sortie : compenser le risque de pertes de parts de marché par l'augmentation du volume de trafic. Cela impliquait une profonde réforme de l'organisation. France Telecom était bâti pour installer des lignes, pas pour vendre du service au client. Un projet de réforme existait. L'idée était de casser la vieille organisation en " processus techniques " pour la remplacer par des " unités opérationnelles " en prise directe avec le terrain. Les unités de France Telecom correspondaient à des fonctions. Les clients devaient s'adresser à une unité pour prendre un abonnement, à une autre pour un problème de dérangement, à une troisième pour la pose d'une nouvelle ligne... Le but de la réforme était de rebâtir l'organisation autour du client. Pour cela, il fallait rassembler dans une même unité tous les services destinés à un certain type de clientèle.
Quelles modifications avez-vous apportées au projet ?
- J'ai souhaité que l'on " radicalise " la notion d'unité opérationnelle. Chaque unité doit pouvoir regrouper la totalité de l'offre en direction de ses clients et elle doit disposer d'une large autonomie. Le projet était resté timide en matière de responsabilités financières et de gestion du personnel par les unités opérationnelles. J'ai donc poussé beaucoup plus loin la décentralisation. J'étais par ailleurs étonné que l'on se contente d'une réforme des échelons de base. Je ne voyais pas pourquoi les organes dirigeants devaient échapper à la reconstruction de l'entreprise autour de la notion de client. C'est pourquoi j'ai aussi lancé une refonte de la direction générale. Désormais, la direction du groupe est éclatée en trois branches opérationnelles correspondant aux trois grandes familles de clientèle : une " grand public ", une " entreprises " et une " réseau ". A ces branches opérationnelles s'ajoutent deux branches fonctionnelles : les " ressources " et le " développement ". Les cinq patrons de branche et le président forment le nouveau comité exécutif du groupe.
(En 1996 est créée la Branche Entreprise qui regroupe l'ensemble des services nécessaires aux 21.000 plus grandes sociétés en France. Son effectif initial est de 15.000 personnes et réalisera un chiffre d'affaires de 40 milliards de francs la première année de sa création. Note de l’auteur)
Où en est la réorganisation ?
- La phase active a commencé le 20 décembre 1995. Ce jour-là, j'avais réuni les 300 principaux cadres du groupe et informé l'ensemble du personnel en direct par vidéotransmission. La nouvelle structure s'est mise en place dès janvier 1996. Les 300 unités opérationnelles sont en cours de calage et de rodage.
Le projet SIGP s’inscrira dans cette dynamique.
La mise en oeuvre du projet fut effectuée par Valoris, mais pas seule, associée à une deuxième société de service, Sopra, compte tenu de l’envergure du projet et de la dimension économique, Valoris était trop petite pour réaliser ce projet ambitieux de plusieurs millions de francs. Le SIGP fut vraiment une application très performante, d’après Didier le directeur de projet, tout était paramétrable, de l’intégration des données en variables multidimentionnelles depuis les systèmes opérationnels, jusqu’à la restitution en modèle. Les indicateurs de gestion étaient projetables sur toute une série de dimensions : produits, marché, plan de compte, comptabilité analytique, entités, périodes, afin que les contrôleurs de gestion puissent faire leurs analyses selon leurs besoins avec le plus de souplesse possible. Les modèles proposés répondaient également aux attentes des utilisateurs : approche compte de résultat, satisfaction client, délai, … Il s’agissait d’un vrai progiciel évolutif, sans nouvelle ligne de code à écrire, tout était administré au niveau central avec génération des lignes de code. Une vraie avancée dans le monde de l’informatique et plus particulièrement de la BI. L’application fut distribuée aux cinq branches du groupe avec la mise en place d’un “échangeur de données” entre elles. Elle couplait donc une centralisation du référentiel de données et la prise en compte des spécificités des directions. Une vraie révolution du pilotage dans un grand groupe complexe avec des marchés différenciés, comme pourra le dire Malick à Alann lors de l’un de leurs échanges.
Une dernière couche fut mise en place avec l’EIS (Executive Information System; Traduction : Système d’Information pour Dirigeant), le tableau de bord électronique pour le comité exécutif : le PDG Michel Bon, le directeur financier et les membres de direction. L’EIS s’appuyait complètement sur le référentiel de données et la transparence était totale entre les indicateurs suivis par la direction et les éléments constitutifs de ces indicateurs. Plus de discussion sur les chiffres, ou presque, entre les différents niveaux de la hiérarchie. Il s’agissait d’un vrai outil de management pour la direction.
Le SIGP sera l’outil de pilotage de France Telecom et l’accompagnera dans sa transformation.
Quelques mois plus tôt, Martin Bouygues, PDG du Groupe Bouygues avait lui aussi mis en place son EIS !
(voir la première page du Monde Informatique du 17 juin 1994 ci-dessous).








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