Saison 1.23 - 1999 : Entretien Renaud Finaz de Villaine
1999
: Entretien Renaud Finaz de Villaine
Interview
de Renaud Finaz retrouvé sur IDF.net : Interview téléphonique du 9
décembre 1999 effectué par Marie
Dominique Champroux.
Renaud
Finaz était alors Directeur de la Communication et Directeur du
Capital Intellectuel de VALORIS,
dont
nous avons déjà parlé dans les chapitres précédents et dont
Khattar
Chkaiban
sera le PDG de 1988 à 2004
(voir le détail parmi les personnages du blog :
https://chroniquesbi.blogspot.com/p/les-personnages_26.html).
En
voici quelques extraits :
“MDC
:
En
quelques mots, pourriez vous nous parler de vous et Valoris ?
RFDV
:
Je
suis Ingénieur de formation, puis diplômé du Centre de
Perfectionnement des Affaires (Paris), et de l'Institut de Hautes
Etudes de Défense Nationale.
Apres
Schlumberger pendant 6 ans, je suis parti a New York comme
Responsable d'une filiale d'une PME francaise. De retour en France,
j'ai dirigé une société de conseil en informatique, et en 1991,
j'ai rejoins Valoris.
Valoris
a été créé en 1988. Son métier : la gestion de l'information par
l'élaboration et le pilotage de tableaux de bord, ce que l'on
appelle maintenant le "Business Intelligence"
En
1997, Valoris lance et dépose le concept de "Custom Value
Management", ou gestion de la valeur client. Le concept de base
est relativement simple : prendre connaissance des divers besoins
d'un client pour mieux les satisfaire. Et grâce aux nouvelles
technologies, l'entreprise peut être en contact avec son client
24/24h, via notamment les Centres d'Appels et Internet.
MDC
: Valoris
existe depuis 1988. Internet en France n'est arrivé
que plus tard. Quand avez vous pris le virage de l'Internet et
surtout pour quelles raisons ?
RFDV
: C'est
en 1993 que Valoris découvre Internet, à l'heure ou le Business
Intelligence passe sur Internet. Internet, après les Centres
d'appels et le travail des forces commerciales d'une entreprise,
devient le canal qui permet de connaitre ou augmenter la connaissance
que l'on a des ses clients.
Ces
trois canaux permettent de mieux appréhender l'environnement de son
client (sur différents aspects comme le juridique, le social, ...),
mais aussi, dans une approche BtoB, son environnement concurrentiel.
Mais
définissons la valeur client:
Dans
le portefeuille clients d'une entreprise, ceux-ci n'ont pas tous la
même valeur. On va donc s'attacher a déterminer la Life Time Value
de chacun d'entre eux, ou la valeur qu'ils ont sur une échelle de
temps qui peut être la vie entière de l'individu (dans des secteurs
comme l'assurance par exemple).
MDC
: Pourriez
vous être plus explicite ? Ou donner un exemple ?
RFDV
: une
personne achète une voiture tous les deux ans et dépense en moyenne
par voiture 200 KF. Si on calcule sa valeur sur 10 ans, la valeur de
cette personne n'est plus 200 KF mais 1 000 KF, et sur 20 ans 2 000
KF, ...
On
ne regarde alors pas le client de la même façon !!!
Donc
il faut s'attacher à segmenter l'offre par "cluster"
(communautés de clients qui ont la même valeur et qui se
ressemblent). Si je prends un autre exemple :
France
Loisir, qui a 4,5 millions de clients. Il y a quelques années,
France Loisir envoyait a tous ses clients le même catalogue. Le
rejet était très important. Actuellement, ce sont trois catalogues
qui sont envoyés et vous n'en recevez qu'un, en fonction du cluster
auquel vous appartenez.
MDC
: Le
leitmotiv de Valoris: "Ensemble, créons de la valeur".
Votre coeur de métier semble être la valorisation du capital client
(Custom Value Management). Et vous employez des termes comme le
Business Intelligence, le Knowledge
Management, le Data
Mining
et Data
Warehouse,
ou encore Supply
Chain
Management.
Pourriez vous nous expliquer cela, et la relation qu'il existe entre
ces termes et la valeur du capital client ?
RFDV
: En
fait, l'objectif de Valoris est de déterminer la stratégie client
d'une société jusqu'à sa mise en place dans la dite société.
Trois types de services sont alors fournis:
1.
Réflexion stratégique sur les Business Models les plus adaptés,
toujours dans l'optique de mieux joindre et fidéliser la clientèle.
2.
Description des programmes fonctionnels et technologiques à travers
diverses applications. On entend par technologique des méthodes
comme :
*
Business Intelligence: mettre en place des bases de données
qui permettront de gérer par la suite la connaissance,
*
le Knowledge Management ou le management de la connaissance
(gestion des connaissances en interne et en externe des clients),
*
le Supply Chain Management : en améliorant les circuits de
distribution de l'entreprise, celle-ci répond plus vite a la
demande; elle dépense alors plus d'énergie dans les innovations
*
et enfin le CRM, ou la gestion de la relation client.
Par
programme fonctionnels, je pense à des cartes de fidélité, des
centres d'appels, ...
3.
La mise en place de la stratégie au travers des 4 axes précédemment
décrits.
MDC
: Lors
d'une conférence à Cap Cyber (Nice - France) en novembre dernier,
vous développiez le concept d'analyse des clients insatisfaits. Dans
le même temps, vous expliquiez que 2/5 des clients d'une entreprise
n'ont pas de valeur potentielle: l'entreprise ne doit donc pas tenir
compte de 40% de ses clients. Quelle est alors la réaction
de vos clients ?
RFDV
: Je
reprends le concept de Custom Value Management:
Sur
100 clients d'une entreprise, 20% d'entre eux permettent à la
société de réaliser 80% de sa marge. Elle pourrait être un peu
accrue, mais pas énormément.
Sur
les 80 clients restant, 20% d'entre eux sont un excellent potentiel
pour l'entreprise, mais leur valeur n'augmentera pas dans le temps si
l'entreprise n'investit pas un peu.
Il
reste 60 clients : les 20 premiers ont un peu de valeur, mais
l'entreprise devra commencer a dépenser réellement si elle désire
voir leur valeur augmenter.
Les
20% suivant sont ceux qui peuvent changer de catégorie (vers le haut
ou le bas). Mais l'entreprise doit les laisser venir et ne pas
investir, elle dépenserait à ce moment la beaucoup trop d'argent.
Quant
aux 20 derniers clients, l'entreprise perd carrément de l'argent.
Elle peut décider alors de ne pas les garder.
Il
faut donc comprendre que chaque client ne fait pas gagner la meme
chose à l'entreprise. Et aujourd'hui, fidéliser ne suffit plus car
cela signifie que le client dépense chez vous mais sa valeur (son
montant dépense chez vous) n'augmente pas pour autant. Ce sont donc
avec des offres ponctuelles supplémentaires par exemple que l'on
peut augmenter sa valeur.
Valoris
s'attache donc à découvrir la valeur des clients et définir
quelles sont ses attentes. Pour cela nous avons mis au point un
"arbre des valeurs" qui compare les valeurs supposées d'un
client par l'entreprise et la valeur "réelle" de ce même
client (ne sétend pas sur le sujet).
Globalement,
les clients désirent que l'on s'occupe d'eux, qu'on sache qui ils
sont (surtout si ce sont des clients réguliers, .... Il faut donc
adapter l'offre, la personnaliser en fonction du profil, de
l'historique d'achat de la personne, de sa valeur, de son potentiel,
...
Grâce
à Internet et les centres d'appels notamment, on peut aujourd'hui,
personnaliser à la fois l'offre que l'on va faire au client, mais
aussi le prix de cette offre. Si la personnalisation au maximum est
encore au stade d'expérimentation, il existe aujourd'hui des sites
Internet qui personnalisent en fonction du "cluster" auquel
vous appartenez. Votre offre et son prix seront différents de votre
collègue par exemple.”
Fin
de l'extrait
Et
de nouveaux mots : CRM, Life Time Value, Knowledge Management,
Supply Chain Management !!
Les
années 1990 – 2000 vont voir l’explosion des projets dans
le domaine du marketing et de la connaissance client, avec
intégration de solutions BI orientées métier, quelque soit le
secteur d’activité : banque, finance, assurance,
télécommunication, grande distribution …
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