Saison 1.26 - Le marché des SSII : de 1978 à 2011

Le marché des SSII : 1978 – 2011

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Alann absorbe goulûment tous les évènements des années 90.

Il est impatient de comprendre l’apparition de ces fameux orpailleurs dans le monde de la Business Intelligence (voir l’article https://chroniquesbi.blogspot.com/2020/05/25-decisionnel-lere-des-orpailleurs.html). Dans l’attente des prochains éclaircissements que va lui fournir son grand-père, il complète sa connaissance de la BI en allant consulter des articles racontant l’histoire des SSCI (Sociétés de Services et de Conseils en Informatique) pour mieux appréhender le contexte informatique de l’époque.



Extraits : LE LIVRE D’OR 2012 DES SSII - © IPRESSE.NET 2012-2013

Article rédigé par Christian Bret


En 1982, les SSCI sont devenues les SSII, sociétés de services et d’ingénierie.

Les SSCI ont élargi leur gamme d’activités et le terme ingénierie remplace le terme conseil jugé à l’époque comme trop associé à de petits cabinets. L’ingénierie recouvre les différents métiers du conseil (en nette diminution), des études, de l’ingénierie de systèmes, de l’intégration de systèmes, de l’assistance technique et des progiciels.

1978-1996: L’ère de la croissance

En 1978, le chiffre d’affaires des SSCI était voisin de 0,8 Md€. Il va passer à 10,7 Md€ en 1996, c’est à dire plus de 16% par an, malgré la crise de 1992,

ce que peu de secteurs ont connu, mais surtout la profession acquiert un véritable poids économique dans la nation, puisqu’elle représente alors 1% du PIB.  

 L’effectif des SSII passera dans le même temps de 28.500 à 130.000, dont 108.000 en France. 30% des informaticiens sont dans les SSII.

Le recrutement est leur préoccupation majeure : en 1980, le rapport Tebeka met en évidence le besoin de 65.000 spécialistes nouveaux pour 1985.  

Les SSII sont devenues le 1er recruteur d’ingénieurs ; elles affichent un fort turn over voisin de 20% par an qui n’a pas que des inconvénients et qui permet aux entreprises de recruter des informaticiens formés.  

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L’ère des pionniers a fait place à l’ère de la croissance. Les conquistadors changent de peau, ils restent pratiquement tous en place et deviennent des patrons de groupe.

La profession compte en 1995 plus de 9000 entreprises mais est très concentrée, puisque les 25 premiers groupes représentent 50% du chiffre d’affaires total.

Les SSII font d’abord de la croissance organique sur un marché très porteur, et s’appuient sur la croissance externe pour renforcer leurs métiers de base et aussi pour diversifier leurs activités.

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En sens inverse, le chiffre d’affaires réalisé par les SSII françaises à l’étranger croit très sensiblement pour représenter près de 20% de leur chiffre d’affaires total. Cette évolution nécessite des fonds et ils viendront pour l’essentiel de l’entrée progressive en bourse des grandes SSII, les actionnaires d’origine autres que les fondateurs – banquiers, industriels – disparaissant progressivement. 

 20 SSII étaient cotées en 1989, la première étant CCMC.

 Les SSII se professionnalisent, les grands métiers s’affirment. Ces derniers connaissent un vigoureux développement, marqué par l’arrivée des grands acteurs internationaux, tels qu’Oracle, SAP. Le CXP a sorti son 1er guide des progiciels en 1981

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 L’apparition de l’informatique individuelle avec les PC en 1981 est au départ mal maîtrisée par les SSII (comme par les directions de l’informatique d’ailleurs), de même que sera mal pressentie l’influence croissante de Microsoft.  

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Avec le recul, le lancement de la Télématique en 1978, accompagné du rapport Nora Minc, ( Voir article https://chroniquesbi.blogspot.com/2020/01/1983-le-rapport-nora-minc-etait-sorti.html) puis la mise de la profession sous la tutelle de la DGT en 1984 auront beaucoup aidé au rapprochement de l’informatique et des télécommunications. Cela aura en tous cas contribué à établir des partenariats fructueux entre les SSII et France Telecom. 

 Après 1997 : L’ère de l’industrialisation

Cette période a commencé avec une envolée fantastique, gommant les mauvais souvenirs de la crise de 1992.

Responsables de cette envolée : l’an 2000 et l’euro.

En 1997, les SSII ont recruté plus de 40 000 personnes avec un solde net de 12 000 ! La croissance du chiffre d’affaires de la profession renoue avec des taux à 2 chiffres jusqu’en 2001. La rentabilité suit et la profession renoue avec ses plus hauts historiques, aux environ de 9% en 1998.

 Cette envolée favorise de nouvelles entrées en bourse GFI, Soleri, Steria, Transiciel, Unilog, mais elle a en revanche des aspects négatifs, car beaucoup de SSII vont se laisser entraîner vers le marché de l’assistance technique, très vite rémunérateur, mais aussi très soumis à la demande à court terme des entreprises et surtout des grandes.  

Le grand événement qu’a été Internet à partir de 1995 n’a par contre pas bouleversé les SSII. Prudentes dans leur évolution, comme on l’a vu vis à vis des PC et des réseaux, elles ne se sont pas emballées comme les banquiers ou certaines grandes entreprises mais se sont bien souvent contentées de leur vendre de l’assistance et lorsque l’effet de la bulle est passé, elles se sont retrouvées en bonne position pour accompagner leurs clients dans leur transformation.

 Effet non mineur tout de même : les SSII ont, enfin, généralisé en interne l’usage des messageries.

L’année 2002 va montrer un coup d’arrêt à cette progression : 6000 emplois sont supprimés, le chiffres d’affaires des SSII est en récession de 3%, avec des évolutions cependant contrastées.

L’effet des 35 heures entraîne en plus une chute naturelle de la rentabilité.

 Ces effets conjugués poussent à court terme les SSII à la restructuration afin de réduire leurs coûts et au-delà à une nouvelle consolidation du secteur, d’autant que la présence d’IBM se fait de plus en plus sentir. Les fondateurs, dont le poids d’actionnaire reste important, ont laissé progressivement la place à une nouvelle génération de managers. Plus gestionnaires qu’informaticiens, ceux-ci vont s’attacher à conduire ces efforts de restructuration. Après la période de croissance visant la taille, les SSII passent à la recherche de synergies entre leurs différents métiers et entre les différents pays d’implantation, ceci se traduisant par des choix de développement plus ciblés. La stature des groupes leaders se renforce encore, et ceci dans une vision de plus en plus européenne et internationale, en revenant en force sur le marché du conseil et de l’infogérance.

 .....

 Le professionnalisme des SSII s’est renforcé : définition plus stricte des besoins des clients, meilleur respect des engagements, même si ce métier recèle encore beaucoup de caractéristiques très peu formalisables.

Malgré le renforcement des outils et des méthodes, il ne faut pas s’y tromper : l’écart de performance entre ingénieurs continue d’aller de 1 à 4, voire plus. 

 Pour l’avenir, trois choses sont certaines :

- les dépenses informatiques vont continuer à croître, poussées par la convergence de l’informatique et des télécommunications ; le secteur public constituera un débouché significatif de nouvelles applications grâce à l’usage des NTIC Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication); 

- les besoins des entreprises de compétences en informatique et télécommunications ne vont pas se ralentir et le rôle de pourvoyeur de ces compétences qu’ont joué les SSII devrait se poursuivre ;  

- la volonté des entreprises de se concentrer sur leur métier de base devrait maintenir les niveaux de sous-traitance actuels et faire progresser les activités d’infogérance

……..

Syntec Informatique devenue Syntec Numérique faisait état récemment du poids du marché des Logiciels & Services à fin 2011 :

42,5 Md€ de chiffre d’affaires, c’est à dire près de quatre fois celui de 1996, avec un effectif de 400 000 personnes.


En un peu plus de DIX ans, une véritable explosion !!

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